Démarche artistique

Ma pratique artistique a longtemps tourné autour des relations humaines et sociales avec ce paramètre important, de concerner nécessairement les gens de mon quotidien, que j'ai déjà côtoyé.
J'étais happée par la source de l'individu, ses modes de vie, choix, styles vestimentaires, leurs différentes expériences et fréquentations à savoir : ce qui fait qu'une personne est unique, et finalement, selon moi : ce qui fait qu'une personne est attrayante, lumineuse, existentielle.
Lorsque je vous peignais, c'était la pulsion de vouloir immortaliser ce que j'avais saisi, senti, de ce que votre personne émane.
Aussi, comme un besoin de raconter cet aller-retour où parler de vous, finissait par aussi dresser mon propre portrait, autant dans le parcours géographique que philosophique, psychologique et intime.
Depuis quelques mois, mes axes de réflexions se sont en fait davantage étendus, déviant le sujet de ma pratique ainsi que les supports.
En revenant à la base de mes influences, le portrait restera toujours ce qui m'anime mais aujourd'hui, je conçois une réelle volonté de restituer la vie et cette fois-ci, véritablement dans son ensemble.
En effet, progresser dans le fait de raconter mes histoires dans un journal intime depuis l'âge de 8 ans, m'a rendu plus attentive à ce qui arrive de beau, de bien ou de bon, d'être plus sensible à un sourire ou à un parfum.
Il est aujourd'hui question de visages mais aussi d'objets, d'animaux, d'architectures, de situation absurdes, de moments tendres qui m'interpellent à travers un langage visuel davantage direct et intuitif. Mais aussi, un terrain de jeu dans lequel les règles se sont déployées, cherchant la meilleure façon de partager ces sensations grâce à l'expérimentation de divers matériaux, supports et techniques. Un hommage au savoir-faire, à la création et au bricolage qui m'ont toujours habité.
C'est un match est une blague que l'on se fait avec une amie lorsqu'on trouve l'exacte couleur d'un objet à un autre.
Truite rosée m'est venu à la seconde où j'ai travaillé en Poissonnerie dans un supermarché, pouvant observer des poissons de très près. Avez-vous déjà remarqué les folles nuances que portent les truites rosées ?
Gris novembre est la vue de la fenêtre de mon atelier. Un énorme vis-à-vis au passage mais que je n'aurai jamais fini d'observer, briques par briques.
Corridor est l'histoire de Lolo, une poule qui rendait l'âme. Pour ses dernières heures, il était question de la maintenir au chaud dans un carton avec un essui pour souffrir un peu moins.
Rose Wylie aborde des choses simples qui la fascinent. Je n'ai pas encore peint mon petit-déjeuner mais c'est de ce point de vue dont je veux parler.
Les expériences dont se nourrit mon tout récent travail sont orientées dans ce sens.
J'évolue dans mon atelier comme dans ma vie. Tout événement nourrit ma recherche.
Ce qui est important c'est de pouvoir présenter un certain "sens de la vie". Ici, de manière subjective, il n'est pas question de "vie sensée" mais d'âme qui vit manifestement "plus" si elle a de la saveur, que si elle n'en a pas.
En ce sens 'sensitif', des cinq sens qui nous ouvrent à autrui et au monde.
Certains sens sont plus développés que d'autres, certains êtres sont plus sensibles aux odeurs et aux sons. Dans toutes ces acceptions, le sens désigne une faculté de sentir un certain "sens de la vie".
Ainsi, c’est donc aussi cela pour moi : la capacité de sentir la vie, d’en trouver une certaine saveur et de s’y retrouver dans l’existence.
Atelier 2024
Liège, Belgique